• II - Les arguments pour l'euthanasie

             Les arguments en faveur de l'euthanasie peuvent se ranger en trois catégories : ceux favorables à cette pratique de manière générale, ceux acceptant l'euthanasie passive et ceux acceptant l'euthanasie active.

      

    A - Arguments pour l'euthanasie en général

             Tout d'abord,  certains arguments pro-euthanasie en concernent toutes les formes. Ainsi, l'on peut penser comme Henri Caillavet (ancien sénateur, membre  du Comité National d'Ethique et président d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité) : "La vie m'a été imposée, je n'ai pas demandé à naître. Par contre, je suis libre de me donner la mort lorsque je le souhaite." Selon lui, le droit à mourir est une des libertés les plus essentielles de l'humanité. 

     Les arguments pour l'euthanasie

     

             De plus, les maladies de certains sont rebelles à tout traitement autorisé. En ce cas, lorsqu'ils n'ont plus d'espoir de rémission et désirent la mort, il serait légitime d'accéder à leur requête, pensent les partisans de l'euthanasie. L'opinion publique prend progressivement conscience de cette possibilité, à travers surtout des cas médiatisés tels celui de Chantal Sébire. Cette femme était atteinte d'une tumeur très rare des sinus et de la cloison nasale, lui provoquant des douleurs insupportables. Bien qu'opposée au suicide, elle demanda plusieurs fois au président de la république de lui donner le droit de "mourir dans la dignité" : être euthanasiée. Mais ce droit lui fut refusé par le tribunal de grande instance de Dijon, au nom de la loi leonetti de 2005. Deux jours plus tard, elle se suicidait. 

     

     

             Par ailleurs, l’un des aspects directeurs de notre société actuelle est la religion. Nous nous sommes intéressées aux pensées des religions majoritaires en France concernant l’euthanasie, et voilà ce qui en résulte : Tout d’abord, pour le protestantisme, selon certains courants, Dieu est certes responsable de la vie, mais l’homme également. Voilà pourquoi les deux formes d’euthanasie sont autorisées par cette religion. Concernant l’Islam, cette religion rejoint le Catholicisme sur le fait que l’homme étant une création divine, la supprimer de quelque manière que ce soit s’apparente à un meurtre. Cependant, l’euthanasie de manière passive est autorisée dans ces deux religions car, premièrement pour l’Islam il est considéré que se soigner relève du “ permis et non de l’obligatoire ”. Deuxièmement pour le Catholicisme, il est “ licite de supprimer la douleur au moyen de narcotiques, même avec pour effet d’amoindrir la conscience et d’abréger la vie ” (Citation du papa Pie XII). Si le Judaïsme condamne absolument et sans restrictions l'euthanasie, d'autres religions ne sont pas si claires sur ce sujet. Pour exemple, il existe de multiples formes de Bouddhisme, qui pour certaines condamnent sans appel le suicide auquel est assimilé une euthanasie, mais certaines l'autorisent. 


    B - Arguments pour l'euthanasie passive

             Le principal argument concernant l'euthanasie concerne l'acharnement thérapeutique. Il s'agit du maintien artificiel en vie d'un patient, sans qu'il y ait de réel espoir d'amélioration de son état possible. On peut donc formuler ainsi : Lorsque la médecine retire ses soins à une personne, elle "se limite à mettre légitimement fin aux dérives néfastes de son propre pouvoir, l'acharnement thérapeuthique, et à rétablir l'ordre naturel des choses". D'ailleurs, même si le docteur Vignon, directrice d'une unité de soins palliatifs dans un hôtital de Strasbourg, est contre la pratique d'euthanasie, lorsqu'une personne exprime le désir de mourir et que l'équipe de soins palliatifs tente de rendre la vie de cette personne plus supportable à l'aide de soins, dans un même temps cette équipe "lâche tout ce qui pourrait prolonger artificiellement cette vie". C'est donc un arrêt d'acharnement thérapeuthique. D'ailleurs, la seule loi Française qui concerne l'euthanasie en parle et régule l'acharnement thérapeuthique. Il s'agit de la loi Leonetti de 2005 :

    - Elle permet aux patients de décider eux-même d'arrêter tous leurs traitements.

    - Les équipes médicales sont obligées d'accéder à ces requêtes ("même si elle les confronte à des questions et à des débats compliqués" selon Claire Fourcade, médecin de l'Aude qui fait partie d'une unité mobile de soins palliatifs).

    - Le malade peut choisir une personne de confiance qui prendra des décisions à sa place s'il n'est pas en état de le faire.

    - La loi laisse la possibilité d'administrer des calmants pour améliorer le confort du patient au risque d'abréger son existence. 

     

     

    C - Arguments pour l'euthanasie active

             L'euthanasie active n'est pas autorisée en France, mais cela n'empêche pas toujours des personnes d'y avoir recours. Quitte à en subir les conséquences. Pour exemple, Un médecin, Chantal Chanel, et une infirmière, Laurence Tramois, on été poursuivies en justice en août 2003 pour "complicité d'empoisonnement" : Le médecin a prescrit à une patiente atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale une injection de 7 grammes de chlorure de potassium pour l'aider à mourir. Bien que cette action soit formellement interdite en France car assimilée à un meutre, l'infirmière a été acquittée et le médecin a été condamnée à un an de prison avec sursis. Il s'agit de la peine minimale en matière criminelle, ceci démontrant que l'action de Chantal Chanel n'a pas été considérée comme un homicide par la cour d'assise, au contraire de la loi en vigueur actuellement. Ce n'est pas le seul cas de ce type, et en général des peines de prison avec sursis sont appliquées, lorsqu'il est évident que la personne décédée souhaitait vraiment mourir. C’est pour éviter ce genre de situation que certains militent comme l’ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité) pour une légalisation de l’euthanasie active en France, partant du principe suivant : “ Il vaut mieux une véritable transparence plutôt que la clandestinité ”.

     

     

    Les arguments pour l'euthanasie


     

             Par ailleurs, un sondage de l'institut BVA (réalisé par téléphone les 18 et 19 novembre 2009 auprès d'un échantillon de 1005 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, donne ce résultat : 

     

    Les Français et l'euthanasie clandestine

     

    On peut donc constater qu'une écrasante majorité, 75% des personnes interrogées, sont favorables à un franchissement de la loi pour une euthanasie dans le cas d'une maladie incurable en phase terminale. Face à cela, il est aisé de songer à la nécessité de légaliser ce "droit à mourir dans la dignité" : Cela assurerait une bonne prise en charge des patients et de leur famille, qui ne devraient plus se cacher pour donner lieu à cet acte.

     

             En outre, certains malades se sont battus pour avoir le droit de mourir : Vincent Humbert avait 19 ans en 2000, l'année de l'accident de voiture qui l'a rendu tétraplégique. En 2002, il fait parvenir au président de la République de l'époque, Jacques Chirac, une requête intitulée Je vous demande le droit de mourir. Cette requête est refusée et presque un an après, sa mère Maire Humbert lui donne une grande dose de pentobarbital de sodium, provoquant un coma profond. Puis avec l'accord de la famille le Dr Frédéric Chaussoy injecte du chlorure de potassium à Vincent Humbert, ce qui entraîna son décès. Début 2003, Marie Humbert et le docetur furent mis en examen, puis relachés après qu'un non-lieu eût été prononcé. Autoriser l'euthanasie active en France permettrait de mieux encadrer les euthanasies officieuses. 

     

     Les arguments pour l'euthanasie

    Une chanson de La Phaze racontant le combat de Vincent Humbert.

    Cliquez au centre de la vidéo pour que la chanson démarre.

     

     

             De plus, le suicide n'est pas condamné en France. Or certaines formes d'euthanasie active peuvent s'apparenter à un "suicide assisté", défini ainsi : L'aide au suicide est le fait d'aider quelqu'un à se donner volontairement la mort en lui fournissant les renseignements ou les moyens nécessaires, ou les deux. Pour qu'il y ait aide au suicide, il faut que le patient soit l'agent de sa mort, mais que celle-ci résulte de l'assistance d'un tiers. "Le droit de vie et de mort sur soi-même fait partie de choix individuels les plus fondamentaux". Remettre en cause l'euthanasie en tant que suicide assisté serait remettre en cause le suicide.